mardi 12 février 2013

Libération a consacré son forum à la jeunesse, mais quelle jeunesse ?


 "Jeunes, débattez-vous !" Le nom du forum était attirant. Son ambition aussi : un forum sur les jeunes, pour les jeunes, par les jeunes. Et en fin de compte, une avancée certes, mais un pari pas totalement remporté. 
Les enjeux étaient de taille pour un forum consacré à la jeunesse, organisé à Grenoble : Grenoble, c’est le discours choc de juillet 2010, les évènements dramatiques de septembre dernier, et les tout récents vœux à la jeunesse prononcés par le président de la République. Grenoble, c’est donc aussi cette ville qui compte près de 60 000 étudiants, mais également une jeunesse presque invisible, négligée. Et c’est cette jeunesse-là qu’on aurait attendue lors de ces deux jours de conférence. Malheureusement, elle n’était pas là, ou presque pas. 

Les organisateurs du Forum auront bien tenté de l’intégrer dans leurs activités, en faisant venir Vikash Dhorasoo à l’Espace 600 de la Villeneuve, en organisant un ‘‘ring des sujets qui fâchent’’… Mais ça n’a pas été suffisant, aux yeux du public, des intervenants, et de Philippe Douroux, journaliste de Libération. Ce dernier ne s’avoue toutefois pas vaincu : pour lui, il reste du travail.





mardi 5 février 2013

Vidéo : Liliam Thuram évoque la diversité


Réaction à chaud de l'ancien footballeur après la conférence "Diversité et parité au coeur du changement ?" (Interview réalisée par Louis Colart, Inès Tayeb, Camille Michelland et Maud Guillot)

Vidéo - I like Europe: bouillon de cultures au Forum Libération

Aurélie Charon et Caroline Gillet, journalistes pour France Culture et France Inter étaient à Grenoble pour présenter leur série radio et offrir aux spectateurs une émission en live.
Le projet: un tour d'Europe de la jeunesse, une jeunesse éclectique. Gal, israelienne, et Amra, bosnienne, personnages de la série, étaient invitées à l'émission: une manière pour les auditeurs de mettre des visages sur leurs voix. (Reportage réalisé par Morgane Jacob)

lundi 4 février 2013

"Intégration", un terme récusé par les jeunes issus de l’immigration

Le thème : "Un nouveau modèle d’intégration pour les jeunes issus de l’immigration?" avec l’intervention de Tareq Oubrou, imam de Bordeaux tout juste décoré de la Légion d’Honneur et Jean-Claude Sommaire, Ancien Secrétaire général du Haut Conseil à l’intégration. Un débat passionné.



Tareg Oubrou "Le problème d'intégration est lié à des questions de perception"
(Crédit photo: Dounia Hadni)         

La salle est pleine pour aborder la problématique de l'intégration mais les attentes sont restées insatisfaites. Ce qui pose problème c’est l’intitulé du débat d’après de nombreuses personnes dans l'audience. "Celui-ci supposerait l’intégration de jeunes issus de l’immigration, alors même que ces jeunes-là sont français" s’interroge Norah, 30 ans, à l’issue des échanges houleux entre le public et les intervenants. Pour elle, cette rencontre avec Jean-Claude Sommaire et Tareq Oubrou n’a pas permis de sortir des sentiers battus. D'après Norah, tout ce que l'on entend à longueur de journée à la télévision a été "repris", sans qu’aucune solution ne soit émise. Laurent, 31 ans, trouve tout à fait absurde de parler d’intégration pour les jeunes nés ici et donc, par définition, intégrés.




Amal, Alyssa et Zineb (de gauche à droite).
Alyssa: "On ne peut pas être libre "à la façon de"
(Crédit photo: Dounia Hadni)

"Les termes nous gênent" réagit Zineb, 25ans. Elle est Française, aime la France mais regrette néanmoins de ne pas se sentir forcément française "à cause d'une peur récurrente de la différence". Il s’agirait d’une stratégie d’ordre politique utilisée "pour faire peur". Alyssa, 24 ans, reproche au débat d'avoir contribué à entretenir les préjugés, plutôt que de s’attaquer de front à des problématiques autrement plus significatives et profondes que le voile ou le halal. 







Réactions (Dounia Hadni et Antoine Beneytou)



dimanche 3 février 2013

La "ghettoïsation" des jeunes n'est pas déclarée

Dans une France où le lien entre les médias et les jeunes est compliqué, mais pas rompu, Emmanuelle Vulin, Sylvain Bourmeau et Eric Valmir prônent une société dans laquelle les jeunes seraient mieux mêlés au reste de la société. Dans les médias comme ailleurs.

De gauche à droite: Emmanuelle Vulin, Sylvain Bourmeau, Edouard Daniel (Jets d'encre) et Eric Valmir
Crédits photo: Roxanne D'ARCO

"Comment, comment, comment… et jamais pourquoi ?"  Emmanuelle Vulin, une petite femme brune à lunettes, est rédactrice en chef du journal de son lycée Rom’ue-Méninges. Elle se demande aussi pourquoi le « comment » prime toujours lorsque l’on parle des jeunes dans les médias, surtout lors de manifestations – pacifiques ou non. Selon un sondage qu’elle énonce, une personne sur deux n’aimerait pas les jeunes. L’estimation est assez étonnante, suffisamment pour que l’on s'interroge aussi sur la représentation de cette jeunesse française dans nos médias.
Les jeunes, seraient-ils donc victimes d’un lynchage médiatique ? La jeune rédactrice en chef témoigne de la grande méfiance de ses camarades envers les grosses entreprises de presse généralistes, notamment la crainte de la "parole détournée". Malgré tout, elle estime que "les jeunes commencent à prendre leur place dans la société et [elle] pense que c’est en partie grâce aux médias".
Concernant la fabrication de l’information, Sylvain Bourmeau, directeur adjoint de la rédaction de Libération, avoue qu’il y a peu de renouvellement des effectifs dans les rédactions, et donc peu de jeunes. Une presse doit-elle être jeune pour parler aux jeunes ? Pas forcément, comme le soulignent le journaliste de Libération et les deux autres intervenants, Emmanuelle Vulin et Eric Valmir, journalistes à France Inter. Simplifier le discours pour se mettre à un niveau spécifique dit "plus adapté à la jeunesse" ne ferait que rabaisser leur potentiel, sans compter l’estime qu’on leur porte.

"Labéliser les jeunes serait contre-productif"

Les intervenants se positionnent contre une "ghettoïsation". En effet, "labéliser les jeunes serait contre-productif", selon Sylvain Bourmeau, qui ajoute qu'"une société qui n’écoute pas les jeunes est une société qui ne bouge pas". Pourtant, les autres corps de cette société que forment les téléspectateurs, auditeurs ou autres sont aussi à dénoncer, d’après Eric Valmir : "il y a l’idée d’enfermer les jeunes dans les caricatures car ça plait aux gens". Le journaliste est connu pour avoir eu une émission sur France Inter "les jeunes dans la présidentielle" qui portait sur la politique et la jeunesse. Il s’occupait alors d’une équipe de trente personnes âgées d'une vingtaine d'années, divisée en trois groupes. Leur mission ? Interroger les candidats à l’élection présidentielle, dans leur environnement et sans préparer les questions avec ces derniers. Une expérience loin d’être facile, mais qui a permis à France Inter de réaliser leur meilleure audience du samedi matin. La preuve qu’une station écoutée en priorité par les 35-60 ans peut diffuser un contenu accessible à tous, et ce, tout en étant réalisé par des jeunes.
Belle caution du savoir-vivre ensemble et du mélange entre générations. Dans ce sens, Sylvain Bourmeau ajoute : "un média est une structure où les gens doivent se rencontrer et vivre ensemble". Tout comme dans la société.



De haut en bas et de gauche à droite: Emmanuelle Vulin;
Sylvain Bourmeau, Edouard Daniel et Eric Valmir; Sylvain Bourmeau.
(Crédits photo: Roxanne D'Arco)


samedi 2 février 2013

Portraits de jeunes au forum de Libération à Grenoble (1 et 2 février 2013)

Jeunes, porteurs d'espoir?

La jeunesse est l'avenir d'un pays. Une phrase souvent employée et discutée qui a pris tout son sens aujourd'hui lors du débat "Débattez-vous ! Indignez-vous ! Barrez-vous ! Mais que font les jeunes ?" Entourés de Nicolas Demorand, et de Martin Quehehen, animateur à France Culture, les jeunes ont exposé leur vision de l'engagement. Un message résolument optimiste et forcément innovant.


Bénédicte Didier (à gauche) est assise à côté de Frédéric Maillot. 
(Crédit photo : Lucie Gruau)


Le hacking, une nouvelle forme d'engagement

Désormais, les révolutions se jouent aussi sur Internet. Finis le temps des lancers de pavés. Pour se faire entendre, les jeunes ne descendent plus seulement dans la rue. S'organiser, échanger, se rassembler pour former des "network" ("réseau" en anglais), le nouveau maître-mot. "L'engagement à la papa, le syndicalisme, ça ne m'intéresse pas. Moi, je me suis rendue compte que j'étais une geek en puissance" explique à la tribune Bénédicte Didier, en service civique. Des propos que nuancent Frédéric Maillot, président du RSKP, un mouvement qui prend naissance dans les émeutes du Chaudron à La Réunion. « Il ne suffit pas de mettre j'aime sur une page Facebook pour être engagé. ». Internet devient un outil de communication mais pas nécessairement un moteur. Et même si les mouvements sociaux mutent, le combat, lui, reste et trouve ses origines en amont. Et peut, parfois, prendre racine à l'étranger.

Explorer le monde, oui mais à quel prix ?

"Se barrer", un rêve d'exil qui coûte cher. L'évasion se mérite et se paye, souvent le prix fort. Et dans un pays comme la France, qui mise surtout sur Erasmus, l'égalité des chances en matière d'échanges internationaux semblent rester un vieil idéal. Bénédicte Didier, le dit sans détours. « Concrètement, comment fait-on pour partir six mois aux Etats-Unis, ou deux mois en Irlande l'été pour apprendre à parler anglais si on pas des parents aisés ? ». Et avant tout départ, il faut un but, une envie. Ne pas seulement partir pour partir. « La mobilité ne doit pas devenir une obligation » lance Frédéric Maillot.

Penser collectif

Voyager ne suffit pas. Ce qui compte c'est de faire des rencontres décisives pour se découvrir une lutte. Et l'engagement peut prendre du temps à éclore. Les jeunes avancent à leur rythme. Mais le principal c'est « de se mettre à penser à l'intérêt général, être prêt à un don de soi. » conclut Bénédicte Didier.

Lucie Gruau